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Journal | Juillet 2020

dimanche 12 juillet 2020, par LR

 
  • jeudi 2, science de la volonté ou volonté de la science ?
Waldo
Waldo

Waldo, court roman de Robert A. Heinlein, 1942, 2019 pour la présente traduction de Pierre-Paul Durastanti, Collection Une Heure Lumière, Le Bélial

À la découverte de Robert Heinlein... Encore un auteur dont j’entends parler depuis longtemps, un autre pilier de la littérature SF. Ici un court roman très en avance sur son temps qui questionne sans en avoir l’air le simple concept de réalité, tout en abordant, voire en « vulgarisant » la démarche scientifique, et les difficultés inhérentes à garder un esprit totalement ouvert à l’inconnu, ce que l’on ne sait pas encore expliquer. On est pas loin de la créativité scientifique (chez un auteur de SF aussi renommé, surprenant ^^). En parallèle, l’évolution d’un personnage en quête de bonheur sur fond de transhumanisme, et les interrogations autour de l’utilité d’une vie... du dense donc. Et si bien sûr le style a évolué en 70 ans, le récit n’a pas à pâlir de son âge. Loin de là ! Une très chouette lecture, rien que pour toutes les questions sur lesquelles elle invite le lecteur à s’arrêter.

 

 
  • samedi 4,
Vois comme ton ombre s'allonge
Vois comme ton ombre s’allonge

Vois comme ton ombre s’allonge, roman graphique de Gipi, 2014, Futuropolis

La poésie sombre et apparemment déstructurée de Gipi questionne la folie, sans pourtant déterminer laquelle, entre ceux qui ne peuvent détourner leur regard du glissement du temps qui semble échapper à tous les autres, et ces autres qui se rendront compte, peut-être un jour, qu’à force de détourner le regard il est trop tard. Une des nombreuses et profondes couches de lecture de cet ouvrage où le fond et la forme s’accordent de façon assez magistrale. La sensation qu’il ouvre une brèche d’espace-temps et laisse dans un flottement proche de l’étourdissement après un choc. Sans masochisme, j’ai beaucoup aimé et en conseille chaudement la lecture. Merci à la personne qui me l’a conseillée !! =)

 

 
  • vendredi 24, voyage en terre(mer)
Terremer | Le Sorcier de Terremer
Terremer | Le Sorcier de Terremer

Le Sorcier de Terremer, roman d’Ursula Le Guin, 1968, 2018 pour la présente édition intégrale, dans la traduction de Philippe R. Hupp et Françoise Maillet, harmonisée par Patrick Dusoulier

Plonger dans l’univers de Terremer, suivre Ged, jeune sorcier-né à travers son apprentissage, bien au-delà de la sortie de l’école des mages, bien au-delà des apparences, nous embarquant pour un périple du nord au sud, jusque là d’où aucun homme ni aucun mage n’était jamais revenu. On y retrouve quelques similitudes avec un autre apprentissage de sorcier bien connu, mais qu’on ne s’y trompe pas, le propos et certainement ce qui en a motivé l’écriture sont tout différents. Certes moins immersif, mais peut-être plus profond. Le style, très descriptif, ce qui n’est pas forcément ma tasse de thé préférée, est très différent de celui employé dans les nouvelles — mais à format différent, écriture différente —, et néanmoins superbe. Et l’envie de poursuivre l’immersion en ne refermant pas tout de suite ce recueil...

 

 
  • samedi 25, grandeur et décadence de l’empire soviétique
Scythe
Scythe

Scythe, jeu de société de Jamey Stegmaier (méca) et Jakub Rozalski (univers et illus), 2017, Matagot

Alors, je sais pas pourquoi, pour moi ce jeu, c’était de la grosse conquête avec batailles rangées dans un univers fantasy. Comme quoi des fois hein. Et puis heureusement un ami m’a proposé d’y jouer.
Nous nous retrouvons donc dans une uchronie post première guerre mondiale où la paix et la production reposent principalement sur des Mechas, sur fond de ruralité agricole. But du jeu : assurer la suprématie de son peuple en développant son territoire et ses technologies et en gérant bien ses ressources. Un jeu de stratégie et de gestion de ressources avec positionnement, interaction, diplomatie et éventuellement un peu de bagarre très très sympa, assez facile d’abord après 15-20 minutes d’explications. J’y repiquerai volontiers à l’occasion !!! Une très belle surprise =)

Pour aller plus loin
Good Bye, Lenin !
Good Bye, Lenin !

Good Bye, Lenin !, film de Wolfgang Becker, 2003

Berlin, 1989. Juste avant la chute du mur, la mère d’Alex, fervente camarade passant toute son énergie à contribuer au rêve d’une société meilleure, tombe dans le coma et se réveille quelques mois plus tard, le cœur fragilisé, la moindre émotion forte pouvant alors lui être fatale. Par amour, Alex tente donc tout pour lui masquer la vérité. Des moments hilarants (et quelques clins d’œil cinématographiques qui m’ont fait me tordre de rire), sans pour autant délaisser des émotions plus profondes, cette fable aux allures de farce pose avec une certaine tendresse le doigt sur une situation pas toujours facile à comprendre sur cette période, et de façon générale sur les raisons (humaines) qui motivent à adopter une idéologie quelle qu’elle soit (parfois beaucoup moins humaine). Ou une vision du mensonge d’État auto-entretenu pour essayer de maintenir les rêves et les espoirs de tout un peuple, une fois que le miroir aux alouettes est brisé et que plus rien n’existe pour masquer les méfaits et les aberrations d’un système (là encore quel qu’il soit...). À mon sens particulièrement d’actualité lorsque c’est au tour de l’idéologie portée par un symbole fort utilisé dans le film (spoil :une marque de soda) de se casser la gueule, et au nôtre de gérer le deuil de certaines de nos représentations du monde. À voir sans aucune réserve !!!

 

 
  • dimanche 26, tromper l’ennui
Blu Velvet
Blu Velvet

Blue Velvet, film de David Lynch, 1986

L’occasion de parler de ce film lors sa redécouverte sur grand écran... La vision toute en humour lynchien du rêve américain versant banlieue proprette. Jeu de dupes et de masques lorsque le doppelgänger de toute une société se révèle en même temps que l’ennui (métaphysique) qu’il essaie sans doute de tromper, et que les aspects les plus sombres et sordides de la psyché humaine. Projet bien entendu abouti en tant que film, on y retrouve les prémisses d’un Twin Peaks déjà en gestation, où l’on retrouvera certes une couche supplémentaire d’absurde toute aussi passionnante. Deux œuvres majeures à découvrir ou redécouvrir, pour peu qu’on arrive à se laisser porter par ces univers. Moi j’aime !!!!!

 

 
 
 

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